Nouvelle activité sportive chez les pompiers

Pigeon 2

Le lundi 30 juillet 2012

Pendant que les agents du SDIS de la Marne profitent de congés bien mérités, une nouvelle note de service est sortie des entrailles de notre direction. 

Ce sont les séances de sport qui sont aujourd’hui au cœur de la tourmente.

Issue de statistiques contestables, d’une étude survolée et de conclusions hâtives, un coupable a été désigné ; la cause principale des accidents de travail vient du sport et plus précisément du sport collectif, qui plus est mal organisé.

Et oui, on ne le croirait pas forcément au premier regard, mais certains ont travaillé des heures pour trouver ça. Il aurait suffi qu’ils viennent dans les centres de secours pour se rendre compte de cette évidence : les pompiers font du foot.

Fichtre ! Diantre ! Mais ils sont fous !

Ils ne se rendent pas compte du mal qu’ils se font !

Nous autres, investigateurs sportifs, allons remettre de l’ordre dans tout cela.

Vite Messieurs ! Sautez sur vos fauteuils en cuir, précipitez-vous devant votre écran plat, empoignez sur votre souris et cliquez sans attendre !

L’heure est grave, il faut arrêter le massacre et sortir une note de service salvatrice.

Mais voilà, difficile d’étayer un rapport avec peu d’éléments, même pour des jongleurs de statistiques sportives. On ne peut pas s’appuyer sur le nombre de blessés pour promouvoir d’autres types d’activités, car il n’y a aucune autre situation comparable.

Au risque d’en surprendre plus d’un, il a été prouvé que pour comparer il faut plusieurs choses distinctes, au minimum 2, c’est la base même de toute comparaison !

Coluche avait déjà parodié cette méthode technocratique dans un sketch à travers une célèbre question : Quelle est la différence entre un pigeon ? Et dire que ça nous faisait déjà rire à l’époque !

Depuis toujours, les pompiers exercent des sports collectifs et depuis toujours il est prouvé que cela renforce les liens et entretien l’esprit d’équipe tant nécessaire dans notre profession.

Mais voilà, l’arbitraire en a décidé autrement et d’une manière autoritaire la direction veut nous imposer « le sport encadré ».

Que sa quo ?

Nouveau terme, nouvelle méthode !

Ce qui était appelé autrefois « le sport adapté », connu par les plus anciens et dénoncé comme pratique paramilitaire, vient d’être rebaptisé pour n’effrayer personne.

Mais alors ça consiste en quoi ce « sport encadré » ?

La recette est la suivante :

– Tout d’abord il est nécessaire d’investir dans différents accessoires basiques (pour ne pas plomber les comptes), puis organiser des jeux avec par exemple des cerceaux, des cônes, des soucoupes, des bâtons, …

– Ensuite trouver de bonnes âmes pour encadrer cette nouvelle activité ludique avec en plus l’objectif d’intéresser les agents à ce genre de pratique.

– Et pour finir, permettre par la même occasion d’évaluer la condition physique des pompiers, voire à terme de les noter.

Il est même précisé : La tenue vestimentaire devra toujours être adaptée à l’activité. Une attention particulière devra être portée sur les chaussures. C’est important de le noter et bien que le cas ne s’est jamais présenté, on n’est pas à l’abri de voir des pompiers jouer au foot avec des palmes.

C’est aussi l’occasion de stopper la gabegie suscitée par notre sport national et faire place à l’activité physique intelligente imposée par les supporters. On les appelle les supporters parce qu’ils ne pratiquent pas… mais ils en parlent bien.

Bref, c’est ainsi que les spécialistes de l’effort physique ont conçu une note de service en modifiant l’organisation de ces séances de travail, car le sport fait partie de notre travail comme il nous l’est rappelé régulièrement.

Il est même prévu une limitation de durée pour éviter toute blessure d’usure, une baisse d’intensité obligatoire et des restrictions punitives pour les plus persistants. C’est une nouvelle méthode où l’on pratique une activité physique sans effort. Avec ce nouveau système, il ne serait pas étonnant de voir nos collègues de l’ile de beauté chercher à muter en masse dans notre département. Eh oui, les Corses en ont rêvé, le SDIS de la Marne la fait !

Vu le résultat, vous pouvez deviner que ce document a été réalisé sans consultation des représentants du personnel, ni même les instances représentatives (CHS et CTP).

Mais voilà ! Les agents nous ont déjà averti : si la direction continue dans leur intention, nous aurons bientôt l’occasion de faire nos séances de sport à la maison mère. Une balle au prisonnier dans les couloirs de la direction par exemple, ça serait sans aucun doute une réelle activité sportive et très bien encadrée !

* * * * *

Share

Vous aimerez aussi...